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Le défenseur des droits humains Anar Mammadli arrêté et détenu à Bakou

Statut: 
Arrêté
À propos de la situation

Le 30 avril 2024, le tribunal du district de Khatai à Bakou a décidé de placer le défenseur des droits humains Anar Mammadli en détention provisoire jusqu’à fin août 2024. Il est accusé de complot en vue d’introduire illégalement de l’argent dans le pays, une infraction en vertu de l’article 206.3.2 du Code pénal de l’Azerbaïdjan. S’il est reconnu coupable, le défenseur encourt jusqu’à huit ans de prison. L’avocat d’Anar Mammadli va interjeter appel de la décision de le placer en détention provisoire.

À propos d'Anar Mammadli

anar_mammadliAnar Mammadli est président de l’Election Monitoring and Democracy Studies Centre — EMDS (Centre pour l’étude de la démocratie et la surveillance des élections), une organisation qui effectue un suivi indépendant des élections en Azerbaïdjan depuis 2001. Il fait l’objet de persécutions systématiques pour son travail, notamment de détention. En 2014, Anar Mammadli a reçu le prix des droits humains Václav Havel de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) pour sa contribution exceptionnelle à la société civile dans la défense des droits humains. En raison de son emprisonnement à l’époque, Anar Mammadli n’a pas pu recevoir personnellement le prix.

3 Mai 2024
Le défenseur des droits humains Anar Mammadli arrêté et détenu à Bakou

Le 30 avril 2024, le tribunal du district de Khatai à Bakou a décidé de placer le défenseur des droits humains Anar Mammadli en détention provisoire jusqu’à fin août 2024. Il est accusé de complot en vue d’introduire illégalement de l’argent dans le pays, une infraction en vertu de l’article 206.3.2 du Code pénal de l’Azerbaïdjan. S’il est reconnu coupable, le défenseur encourt jusqu’à huit ans de prison. L’avocat d’Anar Mammadli va interjeter appel de la décision de le placer en détention provisoire.

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Anar Mammadli est président de l’Election Monitoring and Democracy Studies Centre — EMDS (Centre pour l’étude de la démocratie et la surveillance des élections), une organisation qui effectue un suivi indépendant des élections en Azerbaïdjan depuis 2001. Il fait l’objet de persécutions systématiques pour son travail, notamment de détention. En 2014, Anar Mammadli a reçu le prix des droits humains Václav Havel de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) pour sa contribution exceptionnelle à la société civile dans la défense des droits humains. En raison de son emprisonnement à l’époque, Anar Mammadli n’a pas pu recevoir personnellement le prix.

Le 30 avril 2024, le tribunal du district de Khatai à Bakou a décidé de placer le défenseur des droits humains Anar Mammadli en détention provisoire jusqu’à fin août 2024. Le défenseur des droits humains est accusé d’avoir introduit illégalement de l’argent dans le pays, une infraction prévue à l’article 206.3.2 du Code pénal de l’Azerbaïdjan. La Cour affirme qu’au cours de la période 2021-2024, le défenseur des droits humains a importé des devises étrangères qu’il n’a pas déclarées à la douane de l’aéroport de Bakou. Cependant, selon l’avocat d’Anar Mammadli, la Cour n’a pas précisé les dates et les montants exacts, plaçant le défenseur en détention provisoire pour ce qui semble être des accusations infondées. Anar Mammadli se trouve actuellement au centre de détention n° 1 de Bakou. L’avocat d’Anar Mammadli fera appel de la décision de ce placement en détention provisoire ; il affirme qu’il n’y a pas de motifs raisonnables de penser qu’il fuira l’Azerbaïdjan pendant l’enquête en cours.

Le 29 avril 2024, des agents des forces de l’ordre ont arrêté Anar Mammadli dans une rue de Bakou, en Azerbaïdjan, et l’ont forcé à monter dans une voiture. Le jour-même de son arrestation, les autorités ont perquisitionné simultanément la maison d’Anar Mammadli et celle de ses parents. La sœur du défenseur a indiqué que les agents des forces de l’ordre avaient saisi de vieux documents, des reçus, des ordinateurs portables et des clés USB dans les deux lieux. Elle pense également que les autorités pourraient avoir dissimulé et fait semblant de saisir des sommes d’argent non identifiées, et a noté qu’un élastique a été laissé sur place après le raid. Les forces de l’ordre ont empêché les avocats d’apporter leur soutien aux proches d’Anar Mammadli lors de la descente de police.

L’arrestation et la détention d’Anar Mammadli s’inscrivent dans le cadre d’une répression plus large des défenseur⸱ses des droits humains et des journalistes en Azerbaïdjan. Depuis octobre 2023, les autorités ont arrêté treize journalistes indépendants, dont ceux du média Abzas. Les défenseur⸱ses des droits humains font l’objet d’une enquête pour « complot en vue d’introduire illégalement de l’argent dans le pays », en vertu de l’article 206.3.2 du Code pénal azerbaïdjanais. S’ils sont reconnus coupables, ils risquent jusqu’à huit ans de prison.

Anar Mammadli a déjà été persécuté à cause son action en faveur des droits humains. Au cours du mois qui a précédé son arrestation, avant les soi-disant « élections présidentielles » en Azerbaïdjan, Anar Mammadli a été victime de diffamation dans la presse, les médias progouvernementaux l’accusant de faire partie du secteur de la société civile qui utilise des fonds étrangers pour travailler contre le pays. En 2013, il a mené une observation indépendante des élections présidentielles et a fait état d’irrégularités et de fraudes généralisées au cours des processus de vote et de dépouillement. En représailles contre son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains, les autorités azerbaïdjanaises l’ont placé en détention en décembre 2013, puis l’ont condamné à cinq ans et demi de prison en mai 2014, l’accusant d’avoir mené une « activité commerciale sans enregistrement », une infraction en vertu de l’article 192.2.2 du Code pénal azerbaïdjanais. En mars 2016, le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, a accordé la grâce présidentielle à 148 prisonniers, dont Anar Mammadli.

Front Line Defenders est profondément préoccupée par l’arrestation injustifiée et la détention préventive d’Anar Mammadli, sur la base d’accusations fabriquées de toutes pièces qui, selon notre organisation, sont utilisées pour le cibler à cause de son travail légitime et pacifique en faveur des droits humains. Front Line Defenders condamne cette répression des défenseur⸱ses des droits humains, qui intensifie l’effet de dissuasion sur la société civile et sape les espoirs de jouir d’un environnement sûr et favorable au travail en faveur des droits humains en Azerbaïdjan.

Front Line Defenders appelle les autorités azerbaïdjanaises à :

  1. Libérer immédiatement et sans condition Anar Mammadli de sa détention préventive et garantir son bien-être physique et psychologique ;
  2. Abandonner toutes les charges contre lui ;
  3. Cesser toute forme de harcèlement contre les membres de la famille d’Anar Mammadli ;
  4. Garantir que tous les défenseur⸱ses des droits humains en Azerbaïdjan puissent mener à bien leurs activités légitimes sans crainte de représailles et sans aucune restriction, y compris l’acharnement judiciaire.